• Actualité : Pierre Obscure, Emma Sha

    Vous trouverez ici l'actualité de Pierre Obscure, une sélection des avis des lecteurs avisés, ainsi que les lieux et les jours où je viens partager mon expérience avec les autres explorateurs d'Alzar ! Emma SHA

    Actualité de Pierre Obscure et aussi d'Emma Sha

  • Le festival du livre jeunesse a été formidable ! Des jeunes enthousiastes, des parents enchantés et des auteurs comblés ! happy

    J'ai eu l'occasion d'animer des ateliers avec des enfants et des adolescents. Nous avons imaginé le visuel des blasons des équipes de Squizz

    BRAVO et MERCI à tous les participants !!!

    Voilà le résultat :

     De beaux blasons !!!  De beaux blasons !!!  De beaux blasons !!!  De beaux blasons !!!

     

    De beaux blasons !!!  De beaux blasons !!!  De beaux blasons !!!  De beaux blasons !!!

     

    De beaux blasons !!!   De beaux blasons !!!  De beaux blasons !!!  De beaux blasons !!!  

    Cliquer sur chaque blason pour le voir en plus grand


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  • Pour la deuxième édition du Festival du livre jeunesse de Sainte Radegonde, Pierre Obscure est de la partie ! (Youpie !!!)

    Il aura lieu les 15 et 16 octobre avec au programme des auteurs jeunesse de grand talent, des dédicaces, des ateliers...

    Toutes les infos se trouvent ici

    Festival jeunesse de Sainte Radegonde


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  • Une jolie image...

    La FNAC fait la pub de Pierre Obscure

     


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  • Ce dimanche 9 août, se tient à Arvieu le 19ème Salon du Livre

    C'est toujours un plaisir de se rendre dans ce village de l'Aveyron très dynamique. J'y serai avec Pierre Obscure et une cinquantaine d'auteurs

    Salon du Livre d'Arvieu


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  • Petit retour sur le week-end à La Fouillade : très joli festival avec de nombreux auteurs et dessinateurs. L'accueil et l'organisation sont formidables : belles rencontres et discussions intéressantes smile

    Un grand merci aux organisateurs !

    Festival du livre de La Fouillade

    La belle surprise du week-end :

    Louise, jeune lectrice de 14 ans a acheté le tome 1 samedi. Dimanche, elle est revenue me voir en disant : "J'ai lu le livre d'une traite, c'est trop bien ! Je veux les deux autres tomes !!!" Waouh ! Merci infiniment Louise


     

    Samedi 25 et dimanche 26 juillet se tiendra le 18ème festival du livre jeunesse et de BD à La Fouillade, charmant village aveyronnais.

    Pierre Obscure est au programme !!!

    Pour en savoir plus c'est ICI (adresse du festival)

    Voici l'affiche :

    Festival du livre de La Fouillade

     


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  • Voici 2 photos de ce beau week-end passé à Labège.

    Merci à tous les organisateurs !!!

    Et j'ai eu la chance de me trouver à côté du "grand" Pierre Bordage...

    Scientilivre 2

    Scientilivre 2


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  • Samedi 18 et dimanche 19 octobre se tiendra le salon SCIENTILIVRE, à proximité de Toulouse : au centre de congrès Diagora de Labège.

    La saga Pierre Obscure fait partie des livres sélectionnés par le salon et je serai là pour faire quelques jolies signatures !

    Toutes les infos sont ici : Scientilivre

     

    Scientilivre


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  • Petite visite au collège Victor Hugo de Carmaux : les élèves, très attentives et sympathiques, ont réalisé un diaporama autour du tome 1, avec l'aide de madame Mourtada. Merci beaucoup, c'est très chouette !

    Diaporama Pierre Obscure

    Le diaporama est ici : Diaporama Pierre Obscure


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  • « Dans quelques heures, je serai morte. Voilà, tout va s'arrêter dans ce lieu sinistre, pensa Chayma. Tout est fini, tout est fini... Je vais mourir dans ce trou à rats... Maman, Papa ! Je veux vous voir, je veux vous voir ! Je veux revenir à Loma. Je veux voir Mehdi et Élie. Élie, Élie... je vais mourir moi aussi. Est-ce qu'on se retrouvera quelque part ?... Je voulais revenir avec le remède, pour toi, et je ne peux plus. Je suis prisonnière de ce sale type... Il va me tuer... Je ne veux pas mourir. Je veux pas mourir... Élie, Élie, je t'avais promis... Petit frère, pardonne-moi... »

    Chayma laissa couler les larmes amères de son désespoir et serra très fort sa pierre lisse, couleur de la nuit. « C'est idiot, cette pierre... À cause de cette pierre... » Perdue dans ses pensées, elle sentit alors la Chrysalide palpiter dans sa paume. Des étincelles dorées s'échappèrent entre ses doigts. Comme un signe de réconfort inattendu. Ce phénomène lui donna la force de chercher, une nouvelle fois, une issue, un moyen de quitter ce lieu sinistre. Elle parcourut le couloir, flambeau à la main, et alla jusqu'à la lourde grille qui le tenait fermé : impossible de la franchir... Elle inspecta lentement et longuement tous les recoins dans l'espoir de trouver un trou dans lequel se faufiler. Mais il n'y avait aucune possibilité de s'évader. Désormais, qu'allait-il se passer ? Préférant ne penser à rien, elle alla se recoucher.

    _ … c'était phénoménal ! Les Chacals n'ont rien vu venir. Ton plan était génial.

    _ Je le savais... En tout cas, bravo les gars ! Vous avez agi comme de vaillants guerriers. Je suis content de vous. On a gagné une sacrée bataille.

    _ … et j'ai évité plusieurs grenailles ! Les projectiles sont passés à côté de ma tête...

    _ C'est dans de telles épreuves, qu'on voit les courageux. Les vrais ! Mais ce n'est pas fini... Une épreuve supplémentaire nous attend ici. Il ne faut surtout pas faiblir.

    _ Pas de problème. On est avec toi.

    Fursy et ses trois acolytes étaient revenus. Ils s'affairaient autour d'un sac posé au sol.

    _ Pourquoi est-ce que Chad est parti ? Il nous a laissé tomber après la réunion de ce matin.

    _ Ce gamin n'est qu'une mauviette, répondit Fursy. Il est resté trop longtemps chez les Fennecs pour être un vrai guerrier.

    _ À ta place, je ne lui ferais pas confiance.

    _ Il raconte n'importe quoi. Je crois qu'il a essayé de t'amadouer pour gagner quelque chose..., les chaussures du petit sauvage ! Quand il a eu ce qu'il voulait, il s'est échappé.

    _ Possible... De toute façon, Chad est un minus.

    _ Oui, mais tu voulais qu'il te donne des informations pour attaquer les Fennecs.

    _ Je me débrouillerai autrement... Depuis la dernière Joute d'Influence, j'ai reçu des soutiens de différents clans. Un réseau se constitue. Ils sont nombreux ceux qui ont compris que je suis un vrai leader. Je suis capable d'organiser une grande manifestation... Je veux diriger le réseau souterrain en constituant une équipe de caïds qui n'ont pas froid aux yeux. Des gars comme vous... Je vais mettre en place un business de grande ampleur, pas des minables négociations... Un système qui nous avantage vraiment !

    Fursy, qui était accroupi, se redressa et toisa sa troupe pour mesurer les effets produits par ses propos.

    _ Ça, c'est cool, fit un garçon impressionné.

    _ On va faire un trafic ensemble qui va nous placer haut, très haut... Nous aurons d'autres conditions de vie : une base bien aménagée, juste pour nous, des privilèges que vous n'avez jamais imaginés. Nous dominerons les autres clans et aussi les gens des Zones défavorisées. Et ça, ce n'est qu'un début ! Voilà à quoi je pense... Nous avons commencé par le plus difficile : écarter les clans qui nous font de l'ombre. Maintenant, nous devons trouver les moyens de nous imposer. Et... pour cela, j'ai besoin de la pierre qui est attachée autour du cou du petit sauvage. Il me faut cette pierre !

    _ Ce n'est pas difficile. Il suffit de la lui enlever.

    _ J'ai déjà essayé. Le cordon ne peux pas être coupé.

    _ Tu rigoles ? Rien de plus simple.

    Un Coyote se leva et alla droit vers Chayma. Il lui arracha l'écharpe. Il sortit un couteau de son gilet en cuir, attrapa le cordon dans un geste rapide et tenta de le trancher. Sa main s'arrêta brusquement, stoppée dans son élan par la résistance infaillible de la lanière.

    _ Mais ? Qu'est-ce..., grogna-t-il.

    _ Tu vois. Impossible ! commenta Fursy.

    Chayma avait reçu le coup sans rien dire.

    _ C'est incroyable ! grommela le Coyote qui s'acharnait sur la lanière avec son couteau. Aïe ! Je me suis taillé.

    _ N'insiste pas. Ce n'est pas la peine.

    _ Ben, alors, il faudra te passer de ce fichu caillou, répliqua le garçon en suçant son doigt blessé.

    _ Non. Sûrement pas ! Je veux cette pierre et je l'aurai. C'est une pierre rare, d'une grande valeur.

    _ Et... tu comptes t'y prendre comment ? demanda un autre Coyote.

    Fursy fouilla dans le sac et en sortit un paquet enveloppé dans plusieurs feuilles de papier. Il ôta l'emballage et exhiba une hache de belle taille, au tranchant inquiétant.

    _ Je vais couper la tête du gamin, fit-il froidement.

    _ Tu vas lui couper la tête ? reprit le garçon, interloqué.

    _ Il n'y a pas d'autre solution. Je cherche cette pierre depuis trop longtemps.

    Devant le visage surpris de ses trois acolytes, Fursy ajouta avec autorité :

    _ Vous êtes des Coyotes ou des mauviettes ? De toute façon, c'est moi qui m'en charge. Je vous demande seulement de tenir le gamin fermement quand je ferai...

    Affolée, Chayma tenta encore de s'échapper. Elle se mit à bouger doucement, à quatre pattes, pour se faufiler le long du mur. Mais elle n'alla pas loin. Un garçon l'attrapa par une jambe et la traîna jusqu'au matelas. Il lui asséna un coup de pied.

    _ Toi, tu bouges pas !

    La douleur obligea Chayma à se tenir recroquevillée, la tête enfoncée dans le matelas. Elle se cacha sous la couverture, ne voulant plus rien voir de ce complot épouvantable.

    _ Je... je peux pas, fit un des trois garçons.

    _ C'est moi qui agis. Je te demande juste de tenir le petit morveux.

    _ Je peux pas, redit le garçon.

    _ Ah, toi aussi, tu veux fuir ? … pas capable de vivre de grandes choses ?... voulais savoir si le bracelet était encore actif ... facile à vérifier !

    La tête sous la couverture, Chayma entendit un bruit de bagarre. Puis un cri de douleur.

    _ Eh bien voilà, on est fixés, fit la voix triomphante de Fursy. Le bracelet est de nouveau actif !

    _ Tu sais, pour moi, ça ne pose pas de problème, dit un garçon. Je suis d'accord pour tenir le gosse.

    _ Pour moi aussi, ça marche. C'est toi notre chef !

    _ Bien... Je savais que je pouvais vous faire confiance. Tant pis pour lui. Il s'en remettra !... On va boire un coup de crapulo pour nous donner du courage.

    Il y eut un silence long et lourd, rompu par les gémissements du garçon que Fursy avait blessé en faisant claquer son bracelet. Puis des bruits grossiers de déglutition suivirent, accompagnés de rots bruyants. La beuverie entre les trois Coyotes dura plusieurs minutes, ponctuée par des rires gras et bêtes, et s'acheva par l'explosion de la bouteille projetée contre un mur.

    _ Bon, on peut passer aux choses sérieuses, fit la voix malsaine de Fursy. En premier lieu, il faut couper les bras de ce fauteuil. Et ligoter le petit sauvage aux pieds et aux mains.

    _ Pas de problème, je coupe le fauteuil !

    Un mouvement subit s'installa dans l'espace sinistre. Les garçons passaient à l'action ! Chayma se recroquevilla un peu plus sous la couverture, la serrant très fort contre elle. Terrassée par la peur, son cœur battait à une vitesse folle. Elle sentit qu'on se saisissait d'elle brutalement. On lui arracha la couverture, on lui tira les cheveux, et elle dut se lever, recevant des coups de pieds. Aussitôt, des ficelles agressives vinrent entourer ses chevilles et ses poignets, les mains passées derrière le dos.

    Pendant ce temps, un garçon finissait de sectionner les accoudoirs du fauteuil.

    _ Ça y est ! fit-il satisfait. C'était facile.

    _ C'est bien, c'est bien..., grommela Fursy, la tête baissée.

    Le jeune chef Coyote avait tracé un cercle dans la poussière tout autour du fauteuil. Il marcha le long de cette ligne satanique, crachant à plusieurs reprises et marmonnant des mots incompréhensibles. Il exécutait un rituel incantatoire autour du siège du sacrifice. Celui qui tenait Chayma la poussa dans le cercle. Elle essaya de se débattre, mais le garçon était plus fort qu'elle et cette réaction ne fit qu'accroître la douleur aux endroits où elle était ligotée. Elle reçut une claque contre la tempe.

    _ N'essaie pas de t'échapper !

    Le garçon la bouscula pour qu'elle se mette à genoux et plaqua sa tête contre le siège du fauteuil. Il se baissa lui aussi, sur le côté, retenant Chayma par les cheveux. De l'autre côté, le deuxième Coyote bloquait ses pieds. Chayma put voir le troisième garçon, allongé au sol, qui grimaçait de douleur.

    _ Tout est prêt. On peut y aller, dit Fursy.

    Fursy se plaça face au fauteuil, la hache à la main. Il se pencha vers Chayma et dégagea le cordon. Il posa sa main sur son cou, doucement.

    _ Désolé, petit frère. Ta vie s'arrête ici.

    Chayma sentit une pression dure avant que Fursy n'enlève sa main. Elle aurait voulu crier, protester... mais sa gorge était nouée. Son corps douloureux, et tenu de toutes parts, avait peine à respirer. « Vite ! Vite, que ça finisse ! », pensa-t-elle épouvantée.

    La suite dans le tome 3 : "L'Eau de l'Alcarazas"...


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  • 2 _ Une Mise à Mort     Tome 3 Chapitre II #1

     

    Courant de toutes ses forces, Chayma s'enfonça dans le couloir noir. Un court instant, elle eut l'espoir fugace de rejoindre la grille et d'échapper à son bourreau. Mais, soudain, le corps souple de Fursy, à peine plus lourd qu'elle, vint cogner son dos et la faire chuter. Les deux enfants roulèrent dans la poussière, sans se faire mal, haletants, collés l'un à l'autre comme des animaux sauvages. Quelques secondes après, Chayma maudit de tout son être le garçon qui la plaquait au sol. Fursy se mit à rire. Une fois de plus.

    _ Tu ne m'auras pas ! lâcha-t-il.

    Le garçon appuyait un genou contre le ventre de Chayma, douloureusement. Elle sentit sa respiration saccadée, désagréable, qui se rapprochait de son visage. Puis il se redressa d'un coup, posant fermement un pied sur son buste pour la tenir au sol.

    _ Tu n'aurais pas dû, fit-il avec colère. Tu n'aurais pas dû !

    Il saisit l'écharpe de Chayma et la fit se lever par un geste brusque. Il lui mit un coup derrière la tête pour qu'elle se dirige vers l'espace de vie où brûlait faiblement l'unique flambeau.

    _ Tu n'as pas intérêt à recommencer. Avance !

    Arrivés au bout du couloir, il la poussa méchamment sur le matelas.

    _ Ne bouge plus. Tu n'as pas le droit de bouger ! hurla-t-il.

    Sans cesser de surveiller sa proie, le visage furieux, il attrapa son sac à dos et en sortit une corde. Chayma se redressa, prête à réagir, mais Fursy, toujours aussi rapide, la retint d'un geste ferme. Aussitôt, il lia ses pieds en serrant fort.

    _ Voilà ! Amuse-toi bien.

    Puis il pointa un doigt dans sa direction.

    _ Petite peste. Sale petite peste ! Je... Tu... Tu as essayé de m'échapper alors que je t'ai fait confiance... Tu... Tu vas voir ce qui arrive à ceux qui me trahissent. Tu vas voir !

    Il lui tourna le dos et disparut dans le noir.

    Chayma mit plusieurs minutes pour défaire les nœuds de la corde. Elle se retrouvait seule, l'estomac noué par la peur. La flamme de la torche faisait danser les ombres aux murs comme autant de fantômes inquiétants. Des doigts griffus et maléfiques semblaient la menacer de toutes parts. Elle était au centre d'un cauchemar, cernée par des ombres noires et effrayantes.

    Elle s'allongea et ferma les yeux.

    Une main froide tirait sur son cordon, insistait et la secouait sans ménagement.

    _ Ah, cette saleté de lanière ! fit la voix de Fursy. Je ne comprends pas... Qui a inventé ce truc ?

    Chayma ouvrit les yeux. Le garçon était penché sur elle, une grimace hideuse sur son visage. Il se redressa et pointa ses méchantes cisailles vers elle.

    _ Tant pis pour toi ! Tant pis...

    Il alla s'asseoir dans le fauteuil et la toisa d'un air hautain.

    _ Tu n'es qu'un minable petit gosse ! Tu te crois malin parce que tu as essayé de t'enfuir... Petit crétin, tu paieras cher cette offense. Tu sauras, sale gamin, qu'on ne méprise pas Fursy. Tant pis pour toi, tant pis pour toi ! C'est toi qui l'as cherché...

    Chayma ne savait pas ce qui allait se passer, mais elle devinait que, pour récupérer sa Chrysalide, Fursy lui préparait un sort tragique. Quelques jours plus tôt, l'homme envoyé par sa grand-mère avait voulu lui trancher le cou... Un sentiment de terreur s'empara d'elle. Elle fit une tentative pour amadouer le garçon.

    _ Je... je vais te dire..., balbutia-t-elle.

    Fursy brassa l'air d'un geste méprisant.

    _ Trop tard ! Je me suis trompé sur toi. Tu n'es qu'un sale gosse ! Ma décision est prise... Tu détiens ce que je convoite depuis longtemps et ça, c'est l'essentiel. Je vais me débrouiller pour te l'arracher du cou. Je vais y arriver, c'est sûr !.. On se passera de toi.

    Avec un geste souple, Fursy remonta ses jambes et les entoura de ses bras. Il afficha un large sourire dédaigneux.

    _ En fait, je crois que je n'aurais pas aimé avoir un « petit frère ». Un jour ou l'autre, ton sort aurait été funeste. Cela pourra peut-être te consoler... Tu vois, il ne fallait pas te faire attraper. Je te l'ai dit la première fois que je t'ai vu. Tu es une proie trop neuve, un enfant farouche, un enfant qu'on sacrifie... Tu n'as pas su te protéger. Et moi, je prends. Parce que je suis Coyote, grand Coyote. Parce que je suis bien né... C'est la loi ! Je prends la proie fragile, offerte. Je me régale de sa terreur. Je me délecte... Dans ta détresse, tu es plus beau encore que je le croyais. Et si pitoyable. Plus désirable... Ta vie s'arrête ici.

    Chayma était désemparée. Que lui arrivait-il ? Pourquoi tout s'acharnait-il contre elle ? Devant son visage affolé, Fursy ricana.

    _ Petit frère ! Ah, ah ! Petit frère... Mais, je n'aime pas les petits frères ! Je n'en ai jamais eu d'ailleurs... Moi, MOI... je suis fils unique, fils chéri... adoré de son père et de sa mère... Ma mère... Très belle... Elle m'aimait, oui, elle m'aimait et...

    Fursy poussa un long cri sauvage.

    _ L'orphelinat est la pire des calamités, même celui des riches. Tu sais cela, toi ? Évidemment, tu n'as jamais connu l'orphelinat... Je me suis enfui. Ma douleur et ma révolte étaient trop grandes. J'ai rejoint les clans d'enfants. Quelques mois chez les Fennecs. Gentils, les Fennecs... Puis chez les Coyotes. C'est ma place. Tous, ils me respectent..., reconnaissent ma valeur, mes talents... Pas comme toi !

    Des bruits de grincement, puis ceux de voix et de pas, résonnèrent au fond du couloir sombre. Quatre silhouettes s'avançaient jusqu'à eux. Chayma se redressa et reconnu Chad, accompagné de trois Coyotes aux yeux maquillés d'un large trait noir. Ils vinrent se poster de part et d'autre du fauteuil où se tenait Fursy. Celui-ci leva la main en signe d'autorité.

    _ Vous arrivez quand il faut, les gars, fit-il. J'en ai fini avec ce microbe... Quelles sont les nouvelles du front ?

    _ Les Chacals reculent. Ils sont mal organisés, répondit un des garçons qui arborait une impressionnante ceinture cloutée. Mais le clan des Boxers vient de se rallier à eux, en plus des Braques...

    _ Les Goupils et les Cabots nous suivent, répliqua Fursy. Avec les Lévriers, qui m'ont promis leur soutien, nous sommes plus nombreux et donc, plus forts. C'est bien, c'est bien... Dans peu de temps, je pourrai contrôler toute une partie du réseau souterrain. Soyez assurés que vous aurez une place privilégiée, à mes côtés.

    Chad, le plus petit et le plus jeune des garçons, dansait d'un pied sur l'autre et tirait sur les mèches de ses cheveux gris clair. Il ne semblait pas à l'aise. Il évitait de regarder Chayma qui, elle, ne pouvait détacher ses yeux de celui qui l'avait trahie. Le garçon nerveux portait des chaussures, souples et confortables, celles que Dounia lui avait offertes. Ses chaussures...

    _ Cesse de t'agiter ! lui ordonna Fursy. Asseyez-vous. Nous devons nous concerter.

    Les quatre garçons s'installèrent face à Fursy, tournant le dos à Chayma qui n'osait plus bouger.

    _ Tout d'abord, où en sommes-nous avec les munitions ?

    _ Aucun problème. Nous avons de bonnes réserves : pavés, pétards et boules de grenaille. Et la fabrication des propulseurs est presque finie.

    _ Parfait ! apprécia Fursy.

    Le chef des Coyotes se pencha vers ses acolytes, affirmant sa position dominatrice.

    _ La zizanie est une bonne chose. Laissons monter la discorde entre les clans et, au moment venu, quand tout sera bien désorganisé, nous attirerons à nous tous ceux qui ne sauront plus où aller. Parce que nous sommes préparés à prendre le pouvoir...

    _ Ça a l'air facile quand tu dis les choses comme ça, fit un des garçons.

    _ Il faut savoir anticiper. Tout est là...

    _ En tout cas, on te suit. Tu n'as qu'à nous demander, ajouta un deuxième Coyote.

    _ Ouais, t'es cool comme chef, approuva Chad.

    _ Bon, voilà mon plan : dans l'immédiat, nous allons tenter une intrusion dans le clan Chacal, expliqua Fursy. Pour défaire leur base... On va associer les Cabots et les mettre en première ligne.

    _ On fait comment pour entrer dans leur base ?

    _ On fait diversion. On attire les Chacals dans un traquenard. Un petit groupe vient les provoquer en lançant quelques pétards. Les Chacals vont réagir et poursuivre les attaquants. Ceux-ci les conduisent à proximité, un carrefour... où nous les accueillons comme il se doit. Je serai là pour les recevoir... Pendant ce temps, un autre groupe, les Cabots en tête, fonce dans le camp des Chacals et détruit tout ce qu'il peut détruire.

    _ Super plan !

    _ Merci. Un de vous devra diriger le groupe des attaquants et en constituer l'équipe.

    _ Je veux bien...

    _ Moi, j'irai tout casser chez les Chacals. Il y a trop longtemps que ça me démange.

    _ Parfait ! Cette opération va déstabiliser nos chers ennemis... Mais, on ne va pas s'en tenir là. Il y a un autre clan qui commence sérieusement à m'irriter : le clan des Fennecs ! Ils sont en train de jouer les trouble-fête. Je trouve que Mihiran fait un peu trop le malin ces temps-ci. J'envisage une expédition punitive. C'est là, Chad, que tu as un rôle à tenir. Tu vas nous donner des renseignements précieux. De plus, les Fennecs détiennent le Trophée de la Joute qu'ils n'ont pas mérité. Leur sale clebs a tout faussé... Si vous le voyez, n'hésitez pas à le tuer.

    Chayma écouta avec plus d'attention. Mihiran et Douxyeux étaient en danger, eux aussi.

    _ Il paraît qu'ils sont allés jusqu'au QG du Service de Contrôle et qu'ils y ont fait des dégâts.

    _ Impossible ! répliqua Fursy d'un ton sec. Si c'était vrai, ils n'en serraient pas revenus. Je sais qu'il y a eu une explosion au QG, mais ce n'est sûrement pas à cause des Fennecs !

    _ Ben... En fait, j'étais avec eux, intervint Chad. On est vraiment allés au QG et j'ai pris de sacrés risques !

    Fursy fixa le jeune garçon, en clignant des yeux.

    _ Tu es allé au QG, toi ?

    _ Oui, oui, je t'assure.

    _ Et alors ?

    _ Ben... J'étais un peu malade... et je n'ai pas tout suivi.

    _ Tu racontes n'importe quoi ! s'énerva Fursy. Fais attention ! Ne cherche pas à m'embobiner avec tes histoires. Avec les Fennecs, ça marche peut-être, mais pas avec les Coyotes. Pas avec moi !

    _ Mais je te jure !...

    _ Stop ! Arrête tes bobards. Ou retourne au club des gentils toutous.

    Les autres garçons se mirent à rire.

    _ Écoute, Chad. Tu as été très efficace, hier, en m'aidant à attraper Élie. Tu as su nous diriger vers le stade de Squizz et, à partir de là, il a été facile de le suivre jusque dans la vieille station Mercure. Facile de le piéger aussi... Mais je ne supporte pas qu'on cherche à m'embrouiller... Maintenant, j'ai besoin d'informations sérieuses sur les Fennecs. Car je vais vraiment les attaquer. Quand j'en aurai fini avec les Chacals, je m'occuperai de Mihiran et de sa clique de minus.

    Chad se contorsionna. Chayma, qui voyait son dos, comprit que Fursy l'avait vexé. Cet enfant instable n'arrivait pas à trouver sa place.

    _ Oui, oui, chef, je te dirai tout ce que tu veux, fit-il en essayant d'amadouer Fursy.

    _ OK ! On en reparlera tout à l'heure. Quelqu'un a d'autres informations ?

    _ Je sais qu'il y a des mouvements de révolte en surface, répondit un des trois garçons. Certaines personnes s'organisent, menées par un groupe qui agit dans la clandestinité : les Insoumis. Ils ont des arcs et des arbalètes pour se défendre contre les gardes qui se sont déployés dernièrement.

    _ Les Insoumis ? J'en ai entendu parler..., fit Fursy l'air pensif.

    Chayma se redressa sur son matelas pouilleux. Elle avait appris, quelques heures plus tôt, que le groupe des Insoumis avait été mis en place par ses parents, quand ils habitaient Alzar. Ils avaient pris des pseudonymes, Miranda et Umbriel, pour concrétiser un élan de révolte qui avait commencé le jour de sa naissance à elle... Comme à son habitude, Fursy adopta une attitude méprisante.

    _ Ce sont des dissidents peu armés, peu efficaces... Ils n'iront pas loin face aux décharges que les gardes peuvent leur envoyer sur le bracelet.

    _ Il paraît que le bracelet n'est plus actif... Qu'on peut s'en débarrasser à cause de l'explosion au QG.

    _ C'est vrai ! confirma un Coyote. Le clan des Carlins l'a enlevé. On devrait faire pareil.

    _ Vas-y. Tu peux le faire !

    _ Je... je ne suis pas sûr d'avoir envie..., répondit le garçon en approchant sa main gauche vers son fin bracelet noir, mais sans le toucher. En fait, je ne suis pas rassuré.

    _ Évidemment ! La connexion des bracelets va très vite être rétablie, si ce n'est déjà fait. Et puis... enlever le bracelet est la meilleure façon pour se faire remarquer par le Service de Contrôle. Tous ceux qui l'ont enlevé vont être fichés.

    _ Ah, oui. Je n'y avais pas pensé.

    _ Je suis là pour ça, répliqua Fursy avec assurance.

    _ Ben, alors, plusieurs clans vont être embêtés par le Service de Contrôle. La plupart des Dingos, des Carlins et aussi des Fennecs ont enlevé le bracelet. Ils ont écouté le mot d'ordre des Insoumis. Je crois qu'ils font équipe.

    _ Une équipe de bras cassés, avec des armes terrifiantes ! ironisa Fursy. Ce n'est pas comme ça qu'on peut s'imposer. Croyez-moi, ma méthode est meilleure : désorganisation des clans et affirmation de mon autorité. Je compte sur vous pour rameuter un maximum d'enfants des rues. N'oubliez pas : je suis Fursy, Prince du Peuple de l'Ombre.

    _ C'est toi le meilleur, c'est sûr !

    _ Bien... Vous trois, désormais, vous êtes mes lieutenants. Mais toi, Chad, tu n'as montré que de piètres qualités... Tu vas devoir me prouver que tu es digne de confiance. Le clan Coyote n'aime pas les petits magouilleurs !

    Chad se tortilla une nouvelle fois, apparemment contrarié.

    _ D'accord, pas de problème, fit-il avec un enthousiasme feint.

    _ Bon, pour aujourd'hui, nous avons fait le tour des questions importantes. Il ne nous reste plus qu'à mettre en place notre action d'éclat chez les Chacals. La séance est levée !

    Les garçons affichaient des regards agressifs. Fursy, qui était à peine plus grand que Chad, les dominait tous pourtant, grâce à sa prestance naturelle. Ils crachèrent à tour de rôle, accomplissant un rituel qui marquait la fin de la conspiration.

    Les trois garçons s'éloignèrent, tandis que Chad s'attardait, observant à la dérobée la couchette de Chayma. Fursy se tourna vers elle. Il la jaugea de son regard fourbe et lui dit d'une voix sifflante :

    _ Toi, petit Prince des Montagnes, je ne t'oublie pas. Je viendrai m'occuper de toi ce soir. Je dois agir vite et... tu sais ce qui m'intéresse... Dans quelques heures, tu seras mort. Je te trancherai la tête !  


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